La propreté et suppression de la couche
Dans notre culture occidentale, l’acquisition de la propreté, particulièrement valorisée, est une étape importante du développement corporel et social des jeunes enfants. En effet, cette acquisition participe au grandissement par une meilleure perception et maîtrise de soi, par moins de dépendance physique et psychologique face aux adultes.
I – A quel moment ?
Pour les enfants
Quand maturité physique et psycho affective sont réunies, les enfants peuvent intégrer la maîtrise sphinctérienne comme une acquisition positive. Celle-ci est alors source d’harmonie et d’équilibre dans leur développement, comme toutes les autres acquisitions psychomotrices qu’ils ont pu faire.
Maturité physique : elle a lieu quand s’achève la maturation des terminaisons nerveuses de la moelle épinière.
→ Le moment peut être repéré grâce à des acquisitions motrices : les enfants montent et descendent un escalier pieds alternés ; ils marchent sur la pointe des pieds…
En moyenne: L’enfant de 15 mois monte l’escalier à quatre pattes, A 18 mois, il monte et descend l’escalier main tenue. A 2 ans, l’enfant monte et descend l’escalier seul.
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En règle générale, la propreté diurne survient en premier. La maîtrise sphinctérienne pendant le sommeil apparaît un peu plus tard (jusqu’à quelques mois) : soit les siestes puis les nuits, soit l’intégralité des temps de sommeil simultanément.
Maturité psycho affective : les enfants désirent « être propres » c’est-à-dire grandir, être autonomes, s’inclure socialement, ils dépassent l’ambivalence de leur désir, présent malgré tout, de rester petits, d’être dépendants et maternés.
Le moment peut être repéré a niveau du langage. Ils sont capables de dire moi « je » : ils se perçoivent en tant qu’individus.
Pour les parents
L’acquisition de la propreté interroge les parents, plus ou moins tôt dans la vie de leur enfant.
Le déroulement de cet apprentissage, avec le sentiment de réussite ou d’échec qui en découle, est très fréquemment vécu par le parent, souvent la mère comme un élément d’évaluation de sa compétence parentale.
Les parents veulent que leur enfant soit propre quand leur éducation, leur entourage, leurs désirs personnels les y poussent. Ce moment peut survenir à des ages très variable : 8 mois voire moins, 1 an, 2 ans, 2 ans et demi, ou d’avantage.
Cette étape peut se vivre plus sereinement si les parents ont l’occasion :
- de s’informer sur les données récentes de ce sujet
- d’échanger avec d’autres, parents et/ou professionnels,
- de prendre de la distance par rapport à leur propre histoire et à leur entourage
Il y a encore des mamans et des assistantes maternelles qui pensent qu’un enfant peut être propre à 8 mois, et elles commencent le « dressage » vers 6 mois en mettant l’enfant sur le pot après et avant le biberon.
Actuellement, on sait que le « dressage » précoces est illusoire.
II – LES ENJEUX DE LA PROPRETÉ
Comme dans tous leurs processus de grandissement, les enfants sont pris dans une double ambivalence. Vouloir grandir/ vouloir rester petit, satisfaire les désirs de leurs parents ou s’y apposer / s’affirmer dans leurs propres désirs
Libres enfants
S’ils en ont la possibilité, les enfants vont dépasser positivement ces ambivalences après les avoir explorées affectivement.
Ainsi, alors qu’ils ont montré leur capacité à maîtriser leurs sphincters, ils peuvent demander à ce qu’on leur remette une couche, ou faire délibérément pipi dans leur culotte. C’est cette exploration qui leur donne le temps de renoncer délibérément à être petits, de ressentir le plaisir de grandir, d’accroître leur confiance en eux-mêmes, ils choisissent de grandir !
D’autre domaines peuvent être concernés par cette exploration : ils semblent régresser dans leur autonomie alimentaire, se remettent à parler « bébé », …
Pour les adultes, il peut être difficile d’accepter ces comportements transitoires :
Parce qu’ils sont vécus comme régressifs ou dirigés contre eux.
Parce qu’ils les questionnent sur leurs capacités d’accompagnement, et leur devoir d’autorité : « n’est-on pas trop laxistes ? », « Le cadre et les limites sont-ils suffisants ? »
C’est la confiance que l’on a en cet enfant qui est peut-être en jeu, mais aussi et surtout la confiance en soi-même, adulte, professionnel ou parent.
Enfants contraints
Au contraire, quand le désir parental de propreté est si fort qu’il devient une injonction, il n’y a plus de place pour la liberté des enfants.
En devenant propres dans ce contexte et malgré une apparente acquisition d’autonomie, les enfants ne concrétisent pas réellement un processus de grandissement personnel : ils sont contraints de satisfaire le désir de leurs parents ou de s’y opposer. Ils n’ont pas d’autres choix.
Le vécu de cette contrainte peut être à l’origine d’une énurésie secondaire, une encoprésie…
Questionnements d’enfants
Les enfants ont beaucoup de fantasmes autour de ce que sont les excréments. Les attitudes contradictoires des adultes à ce sujet rajoutent à la confusion. Ainsi on peut observer cette attitude contradictoire qui consiste à féliciter l’enfant « pour son beau caca » et jeter sa selle, ou encore traiter de « caca » tout ce qui est sale ou interdit.
Il y a souvent, chez les enfants, la pensée que les selles sont un morceau d’eux-mêmes. Il arrive donc assez fréquemment qu’un enfant ait peur de faire ses besoins (surtout caca) dans les W-C ou le pot, de vider ou de voir vider son pot, de tirer ou de voir tirer la chasse d’eau.
Françoise DOLTO disait l’importance de clarifier très simplement pour les enfants ce que sont les déjections. Le caca n’est pas une partie du corps, c’est la partie de nourriture qui n’est pas utile pour lui. Quand on mange et qu’on boit, le corps prend tout ce qui est bon pour lui. Le reste est rejeté sous forme de caca et pipi, car sans valeur.
Il est donc intéressant que les enfants participent dés le début de l’apprentissage au vidage du pot et au tirage de la chasse.
III – EN PRATIQUE
Les décisions d’aller sur le pot et de remplacer la couche par la culotte, ainsi que leurs mises en œuvre, appartiennent aux enfants et à leurs familles.
Décider – Coordonner
La coordination des parents et des adultes extérieurs qui interviennent auprès des enfants est essentielle. Une attitude éducative partagée par ces adultes aide les enfants à vivre au mieux cette étape. Quand ce n’est pas possible, une concertation est nécessaire pour que les différentes approches soient connues et reconnues par tous, parlées et expliquées aux enfants. C’est cette confiance instaurée qui permet aux enfants d’assimiler sans trop de rupture les divers vécus qui leur sont proposés.
Donner les moyens aux enfants
Il s’agit bien là d’aider à faire tout seul. Et pour cela, les adultes doivent à la fois leur fournir un cadre matériel et affectif rassurant, et leur laisser une place centrale.
Faire pipi tout seul ne doit pas être un parcours du combattant.
Les vêtements
Les enfants sont plus actifs et donc partie prenante, s’ils portent des habits qu’ils peuvent facilement ôter et remettre seuls, qui leur permettent de faire pipi sans risquer de les mouiller. A éviter donc, surtout au début, les jeans, les salopettes, les culottes serrées, les robes qui compliquent la tâche !
Le pot
- L’accès aux toilettes ou au pot doit être libre et aisé.
- Le pot est toujours au même endroit ; à priori les WC ou la salle de bain. Il n’est pas promené dans les pièces.
- Les enfants ne doivent pas être mis sur le pot avant qu’ils soient capables de s’y installer et de s’en relever seuls.
- Pour les garçons, il faut leur apprendre à bien placer le pénis dans le pot ou les WC.
- Les enfants peuvent manifester eux-mêmes le désir d’aller au pot. il est important que les adultes tiennent compte de cette demande.
- Si les adultes invitent les enfants à aller sur le pot, la proposition est dynamique et non contraignante, faite à des temps repérés.
- Il arrive que dans une activité de « faire semblant », les enfants jouent à mettre la poupée sur le pot ou à s’y mettre eux-mêmes. Ces jeux participent au travail d’appropriation du pot et d’intégration de la propreté.
D’autres idées ici : Vous pouvez visiter cette page
ATTITUDE A ÉVITER
Il faut à tout prix éviter ces interminables séances sur le pot, à heures fixes, chez l’enfant encore incapable de comprendre ce que l’on veut de lui.
- Ne pas user de la force, le brusquer, l’obliger à se soumettre et rentrer dans un conflit autour du pot.
- Lorsque la culotte est mouillée, ne pas traiter l’enfant de sale et ainsi risquer de le bloquer.
- Ne pas mettre l’enfant sur le pot quand il mange
- Ne pas faire de lavements ou mettre des suppositoires ou laxatifs pour avoir des selles à heures fixes, l’enfant le ressentirait comme une véritable agression à son encontre et il aura le sentiment qu’on abuse de son impuissance.
LA COUCHE
De nombreux enfants ont besoin de la couche pendant les temps de sommeil, alors qu’ils n’en portent déjà plus pendant les périodes d’éveil. Grandir, rester petit : les enfants peuvent avoir besoin d’une période de transition au cours de laquelle la couche sera réclamée, rejetée, demandée à nouveau.
LES CONSEILS
Un climat de douceur et de détente doit être la règle lors de l’apprentissage de la propreté. Il y a une grande différence entre proposer et imposer.
Savoir le rythme de l’enfant, accepter les incidents pendant la période intermédiaire. Faire ses besoins, cela peut être dans le pot, mais aussi comme un grand sur la cuvette des W.C, dans la nature ou avec quelqu’un.
Valoriser la propreté : être propre c’est pouvoir aller à l’école, faire comme les grands.
Choisir un pot confortable.
INCIDENT AU COURS DE L’APPRENTISSAGE
Il peut avoir une régression, l’enfant refait dans sa culotte :
- Parce qu’il est fatigué, inquiet ou malade
- Parce qu’il est séparé de sa famille
- Une petite sœur est née, il voudrait redevenir bébé.
L’enfant fait dans ses couches ou de suite après une mise au pot, il ne l’a pas fait exprès, il a encore du mal à se contrôler.(l’enfant joue avec ses matières fécales, pour les enfants, rien n’est sale, c’est un signe de curiosité, (lui donner pour jouer de la pâte a modeler ou de la pâte à sel, de l’eau, de la terre, du sable).
La propreté est considérée comme acquise lorsqu’elle est réalisée de façon autonome, banalisée par les enfants et leur entourage.
IV – CONCLUSION
Rappelons le plaisir de l’enfant qui tâtonne, qui ne sait pas s’il a envie de grandir ou pas, et qui finit par en avoir le désir.
Il lui restera de cette expérimentation la notion qu’il peut avancer avec plaisir sur le chemin du grandissement et de l’autonomie. Il aura dans sa vie d’enfant de multiples occasions de ré expérimenter cet acquis.
Rappelons également le plaisir des parents ou des éducateurs qui arrivent à distance toutes leurs idées et qui, à l’écoute, accompagnent des enfants dans cette acquisition.
Ce plaisir partagé et cette confiance mutuelle, altérés parfois par le doute, les hésitations, les inquiétudes font qu’enfant et adultes sortent grandis de cette étape.
Groupe Petite Enfance des CEMEA PACA
Octobre 2000
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